ROBERT

WENDY ROSE

ANTHOLOGIE DE LA POÉSIE AMÉRINDIENNE

« Je suis mort, moi, le destructeur des mondes…
les physiciens ont connu le pêché et ils ne peuvent pas l’oublier. »

  1. Robert Oppenheimer
    Créateur de la bombe atomique US

Robert

Les lignes de tes artères commencent à rougeoyer
traçant des cartes le doigt les suit effrayé
et sûr, pâle comme le ciel d’Alamagordo,

les lézards blancs dans le sable.

Ronfles-tu, ou est-ce un insecte vagabond,
ce tremblement de tes os les plus profonds?
Los Alamos, Trinity Alamagordo (frêle Robert)

Jornada del muerto.

Tu te blottis dans le bunker,

les mains sur les yeux,

en complet gris clair,

la cravate desserrée.
Tu parles à des amis transparents
ou à personne en particulier.

«Il est stupéfiant de voir comment les outils
et la technologie peuvent piéger quelqu’un.»

Et tu es stupéfait jusqu’aux jointures fortes de tes poignets
où des chaînes énormes qui montent de ta ceinture t’emprisonnent.

Même ta femme n’était pas éveillée.

Axe matinal de ta vie.

La radio murmurait,
tu tournas le bouton comprenant la fin à l’émotion
mais la voix disait encore comment tes enfants sortirent
en hurlant de l’entrecuisse de l’avion,

la gueule en avant sur les terrains de jeu, les toits,

les jardins, les temples, dans les cheveux et les chairs, dans l’acier et la glaise,
t’oubliant, t’oubliant, t’oubliant.

Tes empreintes digitales dans les cendres, tu vomis tes larmes.

Wendy Rose

 

Éloïse

Les physiciens, que les physiciens ?

Qu’en est-il des banquiers,

des politiques,

des industriels,

des actionnaires,

des profiteurs de guerres,

des petites mains … ?

Qu’en est-il ?

Qu’en est-il de l’impôt des citoyens ?

Qu’en est-il des citoyens à qui  » ils  » n’ont rien demandé ?

Qu’en est-il de ceux qui n’ont pas crié ?

Qu’en est-il de ceux qui ne se sont pas révoltés

quand « ils » ont mis les outils de mort entre les mains « des enfants des autres »,

leurs enfants, pour accomplir l’innommable ?

Qu’en est-il de nous tous,

chaque fois qu’une arme est produite, vendue, donnée … pour la  » bonne cause  » ?

Et si chaque fois qu’une arme est produite, vendue, donnée … pour faire du  » bon travail « ,

dans les cendres il y avait une empreinte, notre empreinte ?

Fermons les yeux … c’est plus confortable,

N’écoutons-pas … c’est plus calme ainsi,

L’odeur ?

Ah l’odeur !

L’oublier ?

Impossible !

Rien à faire ?

Elle nous poursuit !

Plus rien à faire ?

A part vomir ?

Oui, il y a quelque-chose d’autre à faire.

Oui, quelque-chose de simple, très simple, tellement simple.

Oui, mais il faut du courage … un peu de courage … si peu de courage.

Il est temps de prendre la route,

c’est le temps du premier pas,

le seul qui coûte …

un peu de volonté pour sortir de l’âge.

Vous en avez bien assez, du courage.

Femmes du monde …

toutes comme Éloïse,

et vous aussi, hommes de l’aube nouvelle.

Dak

LE LIVRE

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